I -Les Conditions FIDIC-electromecanique replacées dans la perspective de réalisation du projet de construction industrielle:
A/ Analyse de la structure du "complexe"
de contrats envisagée pour l'utilisation des Conditions FIDIC-Electromécanique
B/ Equilibre des prestations dans le Contrat
et dans l'ensemble du projet
II - Etude des clauses caractérisant le contrat FIDIC relatif aux travaux électromécaniques :
A/ Le réglement des différents envisagé
par la FIDIC
B/ Les responsabilités
Introduction :
Quant une société publique Indonésienne
reproche à une grande entreprise industrielle
française de donner une interprétation erronée
d'une clause concernant les délais de réalisation
d'une centrale hydro-électrique, tout laisse à penser qu'un
tel conflit a pour origine possible une incompréhension
mutuelle née de l'absence d'une norme internationale commune.
Cet exemple montre à quel point le secteur
de la construction industrielle nécessite certitude et
sécurité juridique qui ne
peuvent être assurées par
les diverses cadres juridiques nationaux
auxquels ont tendance à se référer
les parties.
L'absence de Droit transnational n'est cependant pas totale,
les parties ont la possibilité de se
référer aux usages de la
profession pour résoudre leur conflit. Mais, comme pour la
Lex Mercatoria, les usages professionnels de la construction industrielle
n'interviennent pas uniquement dans la résolution mais également
dans la prévention des litiges. Il s'agit trés
simplement, entre professionnels, d'avoir
la certitude de donner la même portée à l'utilisation
d'un document, d'un terme ou d'une clause contractuelle.
Dans une volonté de donner un cadre juridique de
référence aux praticiens, les fédérations internationales
des professionnels du génie civil et de la construction industrielle
comme l'I.C.E. ( Institution of Civil Engineers
) ou encore la Fédération
Internationale des Ingénieurs Conseils
(FIDIC) ont créé un ensemble de contrats
type.
Cette dernière a été créée
en 1913 par trois associations nationales
d'ingénieurs indépendants en Europe.
Au niveau
mondial, elle bénéficie d'une
haute réputation parmi les praticiens du
secteur de l'ingénierie des travaux publics et de
l'industrie, qu'elle partage avec d'autres organismes tel l'ICE.
Aujourd'hui, le nombre de ses membres atteint 65
associations
nationales et elle réprésente
un grand nombre d'ingénieur indépendant
et de bureaux d'études techniques dans le monde. Son objet
est la promotion des intérêts de
la profession et la diffusion d'information en direction
de ses membres. En outre, elle participe
à la création et au maintien
de normes professionnelles et éthiques (
cette contribution pouvant être analysée comme
une sorte de codification de
la pratique professionnelle ) ainsi qu'à l'échange
de savoir-faire vers les pays en développement.
Son action résulte des travaux de six comités
permanents sur des sujets tels que la gestion des risques (Risk Management),
l'environnement, la gestion de la Qualité, et les modèles
de contrat.
Sa réputation est particulièrement
liée à l'utilisation trés étendue
de ses travaux sur les modèles types de contrats connus
sous le nom de "Conditions FIDIC", portant principalement sur les contrats
d'ingénierie-conseil (modéle appelé "Livre
Blanc") et marchés de travaux de génie civil ("Livre Rouge")
ou de travaux électriques et mécaniques
("Livre Jaune"). Ces Conditions sont supposées matérialiser
voire codifier la pratique et sont donc révisées
péridodiquement.
Ce dernier contrat type - le Livre Jaune -
dont la dernière édition remonte à 1987
(et qui est en cours de révision), a été
conçu pour la vente et la construction d'usines et d'équipements
telles que, à titre d'exemple, les turbines et les vannes
d'une
installation hydro-électrique.
Ce contrat est destiné à réguler les rapports
contractuels entre d'une part, une personne morale
("l'Employeur") qui est à
l'origine du projet de travaux et qui peut être un Etat
agissant par l'intermédiaire d'une entreprise publique ou semi-publique
et
d'autre part un "Entrepreneur" ayant été retenu suite
à une appel d'offres ( le Livre Jaune contient
pour cela un modèle de
soumission type ). En constatant simplement la forme du
contrat type présenté, et malgré la mention
de trois entités : l'Ingénieur, l'Employeur et l'Entrepreneur,
ce contrat ne comporte que deux parties.
L'Ingénieur FIDIC n'est en effet pas signataire du contrat;
il a cependant un rôle trés étendu dans la réalisation
du projet, ses
prestations sont les suivantes :
Elaboration des travaux préparatoires (évaluation
des risques et de la viabilité),
élaboration du projet (analyse technique),
et parfois même, recherche de financements. N'étant
pas signataire, il tient par
conséquent, dans le "complexe" de contrats aboutissant à
réaliser le projet, une position particulière
qu'il conviendra d'étudier
plus en détail au cours d'une analyse portant
sur une mise en perspective des Conditions FIDIC-Electromécanique
vis à vis de l'ensemble du Projet industriel (I), et
sur ses dispositions les plus caractéristiques (II).
I -Les Conditions FIDIC-electromecanique
replacées dans la perspective de
réalisation du projet
de construction industrielle:
L'ensemble des documents
constituant les conditions FIDIC-Electromécanique
ne forme qu'un seul et même "Contrat" au sens de l'article
1.1.3. . Il convient ici d'étudier l'ensemble des relations
contractuelles instituée dans le but de réaliser le projet
industriel, cet ensemble pouvant être désigné
comme un "complexe" de contrats. Les conditions
FIDIC-Electromécanique étant précisement l'un
des contrats de ce "complexe", elles ne peuvent être
étudiées sans être replacées
dans cet ensemble contractuel. Nous étudierons d'un part la
structure du "Complexe" de contrats (A) et d'autre part, l'équilibre
des prestations dans ce complexe de contrats et dans les conditions FIDIC
(B).
A/ Analyse de la structure du "complexe"
de contrats envisagée pour l'utilisation des Conditions FIDIC-Electromécanique:
Afin de replacer le Livre Jaune dans son contexte d'utilisation,
il convient de le qualifier et d'expliquer son utilisation
(1),
puis d'apprécier le rôle particulier de l'ingénieur
(2).
1 - Qualification juridique et
structure des Conditions FIDIC-electromecanique :
a. Nature juridique du Livre Jaune :
L'objet du contrat nous permet d'apprécier
la nature des relations que les parties souhaitent
établir, c'est à dire de
qualifier le contrat, pour pouvoir, par la suite, déterminer
avec plus de précision les régles juridiques qui lui sont
applicables.
De quel type de contrat s'agit-il ? Est
on en présence d'un contrat de vente internationale,
d'une prestation de services,
d'une coopération entre entreprises ? Ce contrat type pourrait-il
encore constituer le cadre juridique
d'un investissement
international ? Cette dernière hypothèse peut être
écartée en considérant qu'un des critères
caractérisant un investissement international fait ici défaut.
En effet, celui-ci se définit comme l' "acquisition d'un
intérêt durable dans un entreprise
étrangère", ce qui s'oppose à l'Objet,
plus ponctuel ( travaux et montage sur chantier
), du contrat FIDIC-Electromécanique.
En outre, les termes du contrat n'expriment aucune
volonté des parties dans le sens d'une coopération entre
entreprises.
L'approche positive consiste à étudier l'objet du Contrat
tel que décrit à l'articles 8.1 (Obligations de l'Entrepreneur),
c'est à
dire, outre la conception, le montage et les essais,
livrer l'"Installation".
Cette livraison est la prestation caractéristique du contrat
qui est donc une contrat de vente ( de vente internationale
le plus
généralement ) dont la contrepartie et le paiement du
Prix.
b. Analyse de la structure et de
l'utilisation du Contrat FIDIC-Electromécanique :
Toujours quant à la forme, une autre originalité
distingue ce contrat des conventions-type plus
classiques; les conditions
FIDIC-Electromécanique se présentent
en effet en plusieurs documents : l'ensemble
est repris dans une liste au point n°2 de la page de
signature et est designé comme faisant partie
du "Contrat" dans l'article 1.1.3 .
Les principaux documents sont le Préambule, la Partie I, et la Partie II.
-- Préambule et Partie I : La Partie
I "Conditions Générales" n'est pas destinée
à être modifiée, la
plupart de ses
dispositions consituent une sorte de codification de la pratique; Pour
les dispositions ne pouvant être prévues
par la pratique
(comme la langue contractuelle prévalant ou la date de
début des travaux), le Préambule doit être complété.
-- Partie II : Dans le cas où la
Partie I, c'est à dire la pratique codifiée
par la FIDIC, ne convient pas aux parties,
celles-ci ont la possibilité de la modifier
en complétant la Partie II "Conditions Particulières".
A titre d'exemple, la période de garantie qui a
été retenue par la FIDIC comme représentant
la pratique internationale est d'un an ( Partie I , article
1.1.11 ). Si les parties s'accordent sur un délai de
garantie plus long, elles compléteront la partie
"Période de garantie " de la Section A (Partie II).
Les parties ne doivent pas remplir toutes les dispositions de
la Partie II, mais uniquement celles qu'elles veulent voir déroger
à
la pratique.
2 - Particularité de la position de l'ingénieur
FIDIC dans les conditions Electromécanique et dans le "complexe"
de contrats :
L'ingénieur FIDIC n'est pas une partie signataire du Livre
Jaune mais est cependant omniprésent dans le contenu
de ce dernier : Comment par exemple
peut-il "être tenu de remplir
les obligations" (article 2.1) d'un contrat
dont il n'est pas signataire ?
La FIDIC a voulu simplifier les formalités
de conclusion du contrat, pour que l'ingénieur
n'est pas à signer tous les
contrats nécessaires à l'aboutissement du Projet. En
réalité, tel que cela est entendu aux articles 1.1.15
et surtout 2.1 "Devoirs
de l'Ingénieur", il existe un autre contrat
liant cette fois l'Employeur à l'Ingénieur.
Toutes les obligations étant à la charge de
l'Ingénieur doivent nécessairement figurer dans
cet autre contrat (article 2.1
deuxième alinéa) , qui est un contrat d'ingénierie-conseil
telles que les "Conditions FIDIC de contrat de services entre client
et
consultant", aussi appelé "White Book" .
Juridiquement, les obligations à la charge de l'ingénieur
FIDIC rélévent du régime des "stipulations
pour autrui" (en Droit
français) , dont l'Employeur garantit la bonne
exécution, sous peine d'engager sa responsabilité selon les
articles 37.2 (g) et
surtout (k) ( dans le cas du "non respect
du Contrat ou des devoirs ... de l'Ingénieur" ).
B/ Equilibre des prestations dans le Contrat
et dans l'ensemble du projet :
Une vision globale des prestations de chaque
participant à la réalisation du projet (1) est
un préalable indispensable à une
bonne compréhension de l'intérêt
d'analyser l'équilibre contractuel du Livre Jaune (2)
1 - Repartition globale des prestations et "Risk management" :
La répartition des prestations est conditionné, pour la
globalité du projet industriel, par la notion de bonne gestion des
risques.
La finalité de l'application du "Risk management"
est double : d'une part, une répartition contractuelle, assurant
certitude et
sécurité juridique, permet
d'obtenir plus facilement des financements et les
garanties correspondantes; les créanciers et
garants connaissent exactement la
portée de l'engagement financier qui leur
est demandé. Mieux informés, ils sont plus
enclin à consentir au financement du
projet industriel. Par ailleurs, certaines institutions
financières, telle la Banque
Mondiale, demandent l'utilisation de Conditions FIDIC
qui sont considérées comme apportant une répartition
des risques certaine, que celle-ci soit équilibrée ou non.
D'autre part, cette notion fait référence
à certaines règles prudentielles dont l'une consiste,
pour voir aboutir le projet et
respecter les délais, à ne pas
confier la réalisation d'un ensemble industriel
à une seule et même entreprise
(c'est
pourquoi ce type de montage ou contrat d'Entreprise n'est
guère utilisé dans la pratique).
Le Livre Jaune s'applique rarement seul en
pratique, il est généralement accompagné
d'autres contrats de marché de travaux, telles les Conditions
pour travaux de génie civil (ou "Red
Book").
Pour la construction d'un barrage hydro-électrique
par exemple, la répartition sera la suivante
: une entreprise conçoit et
construit la partie génie Civil
(la structure en béton de l'ouvrage et
les voies d'accès) une
autre la partie électromécanique
(turbines, vannes, et générateur),
enfin, l'ingénieur FIDIC réalise les travaux
préparatoires (étude de
viabilité du projet) et supervise l'ensemble des travaux. La
défaillance de l'un des participants
ne bloque donc pas
l'ensemble du projet, c'est donc une répartition
convenable des prestations.
Mais cette bonne répartition ne
signifie pas que tous les contrats, notamment
celui sur l'électromécanique,
soient
équilibrés.
2 - Equilibre des Conditions FIDIC-Electromecanique :
Nous apprécierons s'il y a ou non équilibre entre les
obligations des parties (a), puis le rôle que va jouer
l'Ingénieur dans la
possible création d'un déséquilibre
en faveur de l'une des parties, c'est à dire la partialité
de l'Ingénieur FIDIC (b).
a. Répartition des obligations entre Employeur et Entrepreneur
:
En ne s'intéressant qu'à la
forme du Contrat, on constate d'emblée que
la liste des Obligations mises à la
charge de
l'Entrepreneur est nettement plus importante (27 articles sous le titre
"Obligations de l'Entrepreneur") que ceux de l'Employeur (5 articles sous
les "Obligations de l'Employeur").
Mais l'obligation principale de ce dernier est plus "simple" : c'est
le paiement (article 33.5), alors que l'Entrepreneur a une tâche
plus complexe.
Quant aux risques assumés par les parties,
en considérant la répartition faite dans
les articles 37.2 et 37.3, l'Employeur
assume les risques non commerciaux et l'Entrepreneur les risques
commerciaux; nous aurons l'occasion de constater
à
nouveau, dans la partie de notre raisonnement
consacrée aux responsabilités, un déséquilibre.
Si l'on s'en tient aux seules prestations respectives
des deux parties, le Contrat semble, à peu de choses prés,
équilibré, mais
c'est en fait l'Ingénieur qui
est susceptible de créer un déséquilibre
dans le cas où il serait impartial.
b. Le problème de la partialité de l'ingénieur FIDIC
Sans revenir sur chacunes des dispositions correspondantes,
les instruments d'intervention de l'Ingénieur sont multiples
dans le
Contrat : Il formule des avis, donne des accords, détermine
les dommages subis, les prix ou les indemnités
à accorder et les extensions de délais à accorder,
enfin il rend des décisions qui ne peuvent être constestées
que devant un tribunal arbitral.
L'article 2.4 lui attribue même un "Pouvoir
Discrétionnaire", l'exercice d'un tel pouvoir
peut influencer fortement les
dispositions initiales du Contrat; par exemple, l'Employeur
ne peut payer que les sommes que l'Ingénieur lui certifie.
Dans la pratique, un Ingénieur ou un Bureau d'Etudes qui
ne suit pas les recommandations, voir les
ordres, du Client (ou
Employeur) a peu de chance de ne pas
être remplacé et pire encore, perd tout
espoir de réaliser de nouvels études pour ce
Client.
L'Ingénieur, bien que la
FIDIC s'en défende, représente nécessairement
l'Employeur. En conséquence, il y a déséquilibre
dans les Conditions FIDIC-Electromécanique
en faveur de l'Ingénieur donc en faveur
de l'Employeur. Seul un tribunal, judiciaire ou arbitral,
est à même de constater la partialité de l'Ingénieur
comme contredisant le Contrat.
Ainsi, en 1985, à propos d'un Contrat type FIDIC-génie
civil, un tribunal arbitral CCI a pu juger, dans
un litige opposant un entrepreneur européen à
un client africain, personne publique, que le remplacement
d'un Ingénieur appartenant au service du client devait
être considéré comme une frustration
du contrat FIDIC.
Dans ce cas, la FIDIC prévoit cependant
dans les Conditions - Electromécanique, que l'Ingénieur
ne peut être remplacé sans l'accord de l'Entrepreneur
(article 2.8).
II - Etude des clauses caractéristisant le
contrat FIDIC relatif aux travaux électromécaniques :
On relève quelques originalités
dans le réglement et la prévention
des différents (A) et
dans les diverses
responsabilités (B).
A/ Le réglement des différents envisagé
par la FIDIC
La meilleure voie pour résoudre un litige est
d'abord d'avoir essayer de le prévenir (1). La phase de réglement
ne peut qu'en bénéficier (2).
1. La prévention des litiges :
Un important mérite des Conditions FIDIC relatives aux marchés
de travaux est que la signification et la portée de
la plupart des termes techniques utilisés sont
bien connus des contractants internationaux de la
profession et prévient ainsi les sources possibles
de litiges; cet effet préventif
du fait de la "codification périodique"
des usages professionnels n'est pas sans rappeler la pratique
des Incoterms, qui permet aux acteurs du commerce international marchand,
de "parler le même language".
2. Le réglement des différends :
Ce réglement est tout entier organisé
pour ne pas stopper ou ralentir l'ensemble des travaux.
Dans le contrat FIDIC, un différend
naît généralement d'une décision de l'Ingénieur.
Les recours contre ces décisions doivent être menées
dans un délai, volontairement court pour éviter
les retards dans le projet, de 56 jours à compter de
la décision de l'Ingénieur (article 50.1).
L'Entrepreneur doit continuer les travaux même s'il
y a litige (50.1 et 50.3).
Les décisions de l'Ingénieur peuvent être révisées
par un Arbitre (50.2), ce qui est une garantie importante pour l'Entrepreneur.
On remarque que l'arbitrage est utilisé comme
moyen rapide de réglement des litiges pour que
celui-ci ne ralentisse pas les
travaux. Quand les travaux sont terminés, la FIDIC
exclut alors l'arbitrage au profit des juridictions judiciaires :
l'arbitrage
n'est en effet plus possible 84 jours seulement aprés
la fin des travaux (c'est à dire la remise
du Certificat Définitif de
Paiement).
B/ Les responsabilités
Les relations de responsabilités respectives des parties et de l'ingénieur sont au nombre de trois :
1. Les relations entre Ingénieur et Entrepreneur
Comment l'Entrepreneur pourrait-il
mettre en cause la responsabilité
de l'Ingénieur FIDIC pour obtenir réparation d'un
préjudice qu'il aurait subi du fait d'une
mauvaise gestion du projet par l'Ingénieur ?
Nous avons vu que dans ce cas, en vertu de l'article
37.2 (k), l'Entrepreneur peut se retourner directement contre l'Employeur.
Cependant, une action directe contre
l'Ingénieur est-elle possible ?
Dans les Droits d'origine romano-germanique (ou Civil Law), et en l'absence
d'un contrat liant l'Ingénieur, gérant l'ensemble
du projet, à l'Entrepreneur, ce dernier ne saurait mettre
en cause la responsabilité de
l'Ingénieur que sur une
base
extra-contractuelle. La responsabilité ne
saura prouvée qu'une fois la démonstration
préjudice-faute-lien de causalité est
effectuée, ce qui est plus délicat qu'une action contractuelle
directe.
En Droit Anglo-saxon (ou Common Law), une action
directe est possible car résultant d'un devoir de diligence (duty
of care) à la charge de l'Ingénieur vis à vis
de l'Entrepreneur. Cependant, la portée d'une telle action
varie selon le type de préjudice (restrictions que l'on
retrouve aux articles 42.1 à 42.4).
2. Les relations entre Entrepreneur et Employeur
Le déséquilibre en faveur de l'Employeur
se retrouve également dans la répartition des risques et
des responsabilités (article
37.1 et suivants) ; en effet, pour
l'Employeur la liste des risques à charge est "fermée",
c'est à dire que l'on définit
précisement chaque type de
risque pouvant entrainer la responsabilité
de l'Employeur (article 37.2); ces derniers sont
généralement des risques
non commerciaux et le risque d'inexécution
des obligations de l'Ingénieur.
A contrario, la responsabilité de l'Entrepreneur
est "ouverte" car sa responsabilité est définie négativement.
Sont à sa charge
" tous les risques autres que ceux de l'Employeur" (art. 37.3).
La sécurité juridique est donc dans
le camp de l'Employeur au détriment de
l'Entrepreneur, ce qui entraine
certaines
conséquences (notamment au niveau des contrats d'assurance
et de garantie des travaux de l'Entrepreneur).
On notera cependant que les parties ont la possibilité de limiter
(sauf contradiction à la loi applicable) d'un
commun accord la
somme de leur responsabilités respectives (article 42.2).
3. Les relations entre Employeur et Ingénieur
Certaines obligations peuvent être
mises à la charge de l'Ingénieur
par l'Employeur dans le Contrat d'ingénierie
les
unissant (du type "White Book"). Ceci peut
ainsi profiter à l'Entrepreneur qui peut invoqué
une obligation précise à la
charge de l'Ingénieur comme moyen de défense.
L'analyse isolée du seul
contrat FIDIC pour travaux électromécaniques
est insuffisante pour apprécier la portée des
plus importantes clauses; le replacer
dans le contexte de l'ensemble du projet, particuliérement
du contrat( "sous-entendu"
dans les Conditions Electromécanique)
entre l'Ingénieur et l'Employeur permet
d'apprécier plus justement l'engagement de chacuns des
participants au projet industriel.